Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/178

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d’ouvrir les portes, et la jeune fille entre dans la maison qu’Onéguine venait de quitter. — Elle regarde : une queue avait été oubliée sur le billard ; sur un vieux canapé, un fouet de manège avait été jeté. Alors la vieille lui dit : « Voilà le foyer où mon maître s’asseyait seul : là, feu M. Lensky, notre voisin, dînait souvent avec lui pendant l’hiver. »


Par ici, suivez-moi ! — voilà le cabinet de Monsieur : c’est ici qu’il dormait, qu’il prenait son café, qu’il écoutait le rapport de son intendant et lisait tous les matins. L’ancien seigneur, l’oncle de monsieur Onéguine, demeurait aussi dans cette chambre. Quelquefois, le dimanche, il mettait ses lunettes et me faisait l’honneur de jouer avec moi au douratchki[1], là, tout près de la fenêtre. Mon pauvre maître ! que Dieu prenne pitié de son âme ! que ses os reposent en paix dans la terre humide, notre mère ! »


Tatiana regardait toutes ces choses avec attendrissement ; elles lui semblaient d’un prix immense. Tout ranimait son âme abattue et lui faisait éprou-

  1. Jeu de cartes.