Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/187

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Enfin elles touchent au terme de leurs fatigues : les antiques coupoles de Moscou, la ville aux blanches murailles, brillent comme le feu avec leurs croix dorées.

Ah ! frères ! combien j’étais heureux lorsque j’apercevais devant moi les églises, les clochers, les jardins, les palais de ma vieille cité ! Combien de fois, ô Moscou, dans la séparation imposée par ma destinée errante, n’ai-je pas songé à toi ! — Moscou !… quelle magie dans ce mot ! que de choses il dit au cœur russe !


Voilà le château de Pétrofski, entouré de sa forêt de chênes. Il est tout fier encore de son dernier triomphe. C’est dans ses murs que Napoléon attendait que Moscou s’humiliât et mît à ses pieds les clefs de son vieux Kremlin. Non, Moscou, mon cher pays, tu n’allas point au-devant du vainqueur, tu ne lui préparas ni fête splendide, ni riches présents ; mais tu lui souhaitas la joyeuse bienvenue, en allumant sous ses pas un imposant incendie ! — C’est de cet endroit que, plongé dans de sombres pensées, le héros contemplait la flamme menaçante.