Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/191

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Pourtant la mère et la fille sont l’objet des plus grandes attentions ; partout on leur présente le pain et le sel[1] et puis viennent les exclamations :

« Comme Tatiana a grandi ! Il me semble pourtant qu’il n’y a pas longtemps que je l’ai présentée au baptême !

— Et moi, combien de fois je l’ai bercée dans mes bras !

— Et moi, comme je lui ai tiré les oreilles !

— Et moi donc ! que de pains d’épice je lui apportais ! »

Et les grand-mères répètent en chœur : « Comme les années s’envolent ! »


Toutes ces personnes n’ont point changé : elles sont restées telles qu’on les a toujours connues. La princesse Hélène a toujours ses bonnets de tulle, Lukéria Lévovna son fard, Luboff Pétrovna ses mensonges quotidiens, Ivan Pétrovitch est toujours aussi bête, Siméon Pétrovitch toujours aussi avare, Pélagie Nikolaiévna a toujours son vieil ami, madame Fine-Mouche son épagneul et son vieux mari, toujours membre assidu du cercle, toujours

  1. Marque de l’hospitalité chez les Russes.