Page:Pouchkine - Eugène Onéguine, trad. Paul Béesau, 1868.djvu/41

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Hâtons-nous plutôt d’aller au bal vers lequel le hiémchik[1] de mon héros a lancé au galop les chevaux de sa troïka.

Devant les maisons sombres, le long de la rue endormie, les doubles lanternes des voitures répandent une joyeuse clarté et font briller la neige des couleurs de l’arc-en-ciel. Le magnifique hôtel où la fête a lieu est splendidement illuminé ; des ombres passent et repassent devant les glaces des fenêtres ; on aperçoit de temps en temps des profils de femmes et de dandys à la mode.


Enfin, notre héros entre dans le vestibule, passe comme une flèche devant le suisse, gravit lestement l’escalier de marbre, et, après avoir donné un dernier coup à sa chevelure, fait son entrée dans la salle pleine de monde. Déjà les musiciens sont las ; la mazourka occupe la foule des invités ; dans tous les salons, on se presse, on cause bruyamment ; les éperons des chevaliers-gardes retentissent, les petits pieds des charmantes danseuses semblent avoir des ailes, et sur leurs traces enchan-

  1. Hiémchik, nom donné en Russie au cocher de la troïka, voiture traînée par trois chevaux.