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LETTRES

au long et assez inutilement ; car je vois que vous demeurez ferme dans l'opinion que vous aviez que j'ai servi M. Pointel avec plus d’amour et de diligence que vous. Si je n’eusse cru que vous étiez plus intelligent que lui en peinture, je n’aurois pas manqué de chercher à vous satisfaire avec ce que les Italiens appellent seccatura ; mais au contraire, tenant pour certain que vous étiez attaché aux véritables et bannes pratiques de l’art, je me suis imaginé que je pourrois vous plaire avec les ouvrages que je vous ai envoyés, lesquels j’ai tous faits avec le plus de soin et d’amour qu’il m’a été possible. J’ai maintenant le dernier entre les mains : j’y observerai diligemment ce que vous aimez tant dans ceux que possèdent les autres, puisque je ne trouve point d’autre moyen de vous entretenir dans l’opinion que je suis toujours pour vous le plus affectionné de tous les hommes.

Je vous ai écrit qu’à votre considération je travaillerois pour M. Delisle. J’ai trouvé la pensée de son « tableau ; je veux dire que l’idée en est conçue, et que le travail de l’eprit est achevé. Le sujet est un Passage de la mer Rouge par les Israélites fugitifs ; il sera composé de vingt-sept figures principales.

Je m’efforcerai de vous donner satisfaction pour ce qui regarde mon portrait, et aussi quant à la Vierge que vous désirez que je vous fasse dès demain.