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VIII

la vie a mûris, ne peut mieux comprendre l'enfance, étant resté lui-même, en dépit des années, étonnamment pourvu de la plus fraîche jeunesse.

Privas, tout en ayant des hommes faits le savoir, l'expérience, est resté, par le cœur toujours rempli d’illusions et de générosité, comme aux heures parfumées de la jeunesse, un grand enfant. Il est de ces heureux, qui, dès l'orée de la vie, ont fait un grand rêve bleu, s'y sont enfermés comme en un éden, pour voguer avec lui, dans une sérénité immuable parmi les choses laides de l’existence. Son rêve, à lui, est dans la chanson, une bonne institutrice passée maitresse aussi dans l'art de la consolation. Et c'est peut-être le rêve le plus beau et le plus captivant de tous, puisqu'il est entièrement tissé d'harmonie et fleuri de cet idéal dont les chimères laissent s'effeuiller les roses aux brises des éternels printemps.

L'imposante carrure de géant de Xavier Privas renferme une âme aux délicatesses de sensitive. Sous cette musculeuse enveloppe faite pour résister à tous les assauts de l'adversité, palpite la fragile fleur du sentiment si tendre et si frêle qu'un souffle l'émeut pour la souffrance ou pour la joie.

C’est la nature exquisément tendre du véritable artiste, qui sait donner à son œuvre l'ambroisie de lui-même. Et Xavier Privas est tout entier en elle. Poète et musicien tout à la fois, il a fait subir à son œuvre toutes les fluctuations infiniment variées et diverses de son tempérament. Il y a, dans les chansons de Privas, de mièvres tendresses, des élans d’amour emportés