Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 3.djvu/17

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dans les parties supérieures des édifices, les carrières de Paris leur fournissant les matériaux des premières assises.

Enfin, il est à remarquer que le procès-verbal de 1678 est resté assez incomplet ; de plus, aucunes conclusions ne le terminent. Il n’en contient pas moins de très curieuses observations dont le temps n’a fait que confirmer la justesse. À l’aide de sa savante et si précieuse expérience, Viollet-le-Duc en a déduit des remarques fort intéressantes que M. Léon de Laborde a comprises dans sa publication relative à l’enquête de Colbert, et que nous allons rapporter ici résumées en partie :

En général, toutes les pierres reconnues défectueuses par les experts de Colbert se sont, depuis lors, altérées de plus en plus ; celles qui avaient résisté aux injures de l’atmosphère sont encore intactes aujourd’hui. Ce qui prouve que les pierres, en général, ne tardent guère, en place, à montrer leurs qualités. Cependant telle nature de pierre, qui résiste aux intempéries dans de certaines positions, se dégradera promptement dans d’autres cas. Ainsi, pour ce qui concerne la pierre des bassins de Paris et de l’Oise, voici quelques observations résultant de l’étude des plus anciens édifices de Paris.

Le liais ancien, qu’on extrayait autrefois des carrières de la butte Saint-Jacques, des Chartreux, des alentours d’Arcueil et de Créteil, portait jusqu’à 0 m. 50 c. de hauteur, sans bousin. Soit qu’il ait été employé en soubassements, soit qu’il ait servi à faire des couronnements, des chêneaux, des balustrades, des colonnettes, ou des meneaux de croisées, ce liais s’est toujours bien comporté, sauf à l’exposition du nord où il se délite quand il a été pénétré d’humidité. La Sainte-Chapelle du Palais, entièrement construite en liais ou en cliquart, ne présente de dégradation que là où l’oxyde de fer a causé des fêlures aux assises ou aux meneaux.

Le cliquart se comporte à peu près de la même manière ; plus gras que le liais cependant, il gèle plus facilement. Les anciennes terrasses de la cathédrale de Paris, recouvertes en grandes dalles de liais ou de cliquart, présentent rarement des traces de décomposition par la face exposée à l’air, tandis que les faces intérieures, qui ne sont pas en contact avec l’air, sont très effeuillées et finissent même par se trouer, bien que le parement extérieur soit devenu aussi dur que le marbre le plus ferme. Cet effet peut s’expliquer par la finesse des pores de la pierre ; l’eau qui la pénètre s’évapore facilement par suite de l’action de l’air et du soleil, mais, retenue près du parement intérieur qui sèche plus difficilement, elle le fait éclater lorsque surviennent de fortes gelées. Il est donc indispensable d’aérer les dessous des dallages et chéneaux, ou d’employer pour cet usage des pierres d’une qualité moins grasse ou moins compacte que le liais ou le cliquart, telles que la Ravières, le Courtanoux, la Mouasse, le Saint-Nom bas, quelques bancs de pierre de Soissons, la roche de Saint-Maximin, etc. Mais quand on emploie, pour les corniches ou chéneaux, des qualités de pierres dures assez poreuses pour sécher rapidement, elles communiquent leur humidité par l’effet de la capillarité et la propension de l’eau à descendre aux assises inférieures formant les parements qui portent ces chéneaux ou corniches ; alors, si ces parements ne sont pas élevés en pierre d’une na-ture âpre, poreuse et sèche, comme le vergelé par exemple, s’ils sont composés de pierres quelque peu argileuses, comme le Banc royal, ou la pierre franche, ou même le Saint-Leu, il se manifeste bientôt à leur surface une efflorescence de salpêtre, puis la décomposition se produit avec une effrayante rapidité ; il se forme des souflures, des copeaux de pierre, derrière lesquels le calcaire est réduit à l’état de sable ou de poussière. L’interposition d’une couche de bitume ou de lame de plomb serait donc utile dans ce cas.

Quant aux roches de Paris, dites roches de Bagneux ou roches du Moulin, il faut autant que possible se garder de les employer dans les couronnements des édifices ; ces roches contiennent toutes des lits argileux, et les chéneaux ou corniches de pierre dure de Bagneux se creusent en perdant à chaque hiver une croûte de quelques millimètres d’épaisseur, surtout si l’écoulement des eaux à leur surface ne se fait pas très rapidement. En général, les roches de Paris ne sont bonnes qu’en soubassement, mais encore faut-il les avoir parfaitement ébousinées.

La détérioration des pierres en parement est encore due au rejaillissement des gouttes d’eau. C’est le cas des pierres placées au-dessus des chéneaux à fond plat. En effet, l’eau qui tombe directement lave et s’écoule rapidement par son abondance même, tandis que l’espèce, de brouillard occasionné par le rejaillissement demeure sur la pierre ; une gelée survient, le chêneau est sec, et les pierres placées au-dessus. sont encore humides.

On a encore remarqué que pour les couronnements extrêmes, complètement isolés,