Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 8.djvu/23

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M. le Président que l’affaire a surtout abouti grâce au vote du Conseil municipal et à la diligence de l’Administration de la Ville de Paris.


M. J. Périn communique à ses collègues le dessin des morceaux d’architecture gothique (chapiteaux, colonnes, colonnettes, etc.) qui avaient été jetés là comme en un lieu de décharge, et qui ont été recueillis avec soin par M. Eugène Toulouze, un archéologue distingué.

MM. Toulouze et Périn attribuent ces morceaux à la transformation que Charles Perrault fit faire dans l’ancienne église Saint-Benoît, toute proche de là.

M. J. Périn complète sa communication en ces termes :

« Ne faudrait-il pas profiter de l’occasion pour pousser plus profondément la fouille commencée ? Si l’on descendait plus avant, on pourrait avoir l’espérance, dans le voisinage des Thermes, de rencontrer des fragments gallo-romains. »

M. Georges Villain appuie la proposition de M. J. Périn. Il demande que des fouilles méthodiques soient faites sur ce terrain sous la direction de la 2e Sous-commission. Il estime qu’il est impossible de laisser installer le nouveau square sans avoir préalablement fouillé ce terrain, qui peut renfermer des vestiges intéressants.

Cette proposition est adoptée.


M. le Président pense que les objets signalés par M. J. Périn, ayant été extraits dans le domaine de la Ville, seront probablement envoyés au musée Carnavalet.

M. J. Périn dit que ces objets ont été acquis par M. Toulouze et qu’ils font l’ornement de son jardin.

M. le Président dit qu’il croit être l’interprète de la Commission tout entière en priant MM. les archéologues de penser un peu au musée Carnavalet lors des trouvailles faites par eux dans les fouilles particulières.

Après un échange d’observations, M, J. Périn est chargé de faire une démarche auprès de M. Toulouze pour la cession de ces fragments à la Ville.

M. J. Périn dit qu’il serait heureux de voir élever dans le nouveau square une copie de la statue de l’empereur Julien trouvée à Paris au commencement de ce siècle.

M. le Président estime qu’il faut d’abord laisser installer le square ; la question de sa décoration ne pourra venir qu’après.

M. Charles Sellier donne lecture du rapport suivant qu’il présente au nom de la 2e Sous-commission :

« Messieurs,

Au point de vue archéologique les fouilles exécutées au cours des travaux de la Ville de Paris, pendant le mois d’octobre, ont offert les résultats suivants :


Ancienne galerie de dérivation de la Bièvre.

Les déblais du souterrain du chemin de fer d’Orléans ont tout d’abord rencontré, à hauteur du pont de Sully, une ancienne galerie remblayée, ayant 3 m. 35 c. d’ouverture et 2 m. 30 c. d’épaisseur de piédroits, construite en plein-cintre, en maçonnerie de moellons avec parements de pierre de taille de grande appareil. Cette galerie, dont on n’a pas atteint le fond, est certainement celle qui recouvrait autrefois l’extrémité vers la Seine d’un ancien canal de dérivation de la Bièvre, creusé à travers les terrains de l’abbaye de Saint-Victor. Cette galerie parait dater du milieu du xviie siècle, c’est-à-dire de 1656, époque à laquelle la première Halle aux vins fut construite. On peut consulter à ce sujet le plan reproduit par la figure 2 de la planche IV des Dissertations sur les enceintes de Paris, par A. Bonnardot. Dans un de nos précédents rapports, inséré au procès-verbal du 2 juin, nous avons déjà signalé la rencontre de cette galerie, mais sans en avoir encore pu déterminer la destination ; elle aboutissait à la Seine et elle était déjà supprimée quand un petit égout, depuis longtemps abandonné, vint la traverser. On dut rencontrer et fermer l’ouverture de cette galerie lors de la construction de la culée de gauche du pont de Sully.


Vestiges du pont d’accès de la porte Saint-Bernard.

Un peu avant d’atteindre le pont de la Tournelle, les déblais du même souterrain ont traversé une série de murs parallèles dont nous avons aussi mentionné la rencontre au susdit rapport. La forme en avant-bec de trois de ces murs démontre de suite que ces trois murs ne