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Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1899, 2.djvu/25

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les anciennes maisons de la Forge-Royale, a été voir le très curieux escalier sculpté de la maison du fauhourg Saint-Antoine, n° 75, que M. Lucien Lambeau avait déjà signalé précédemment.

M. Selmersheim croit que cet escalier, sur lequel sont représentées les Quatre-Saisons et qui porte de jolis motifs décoratifs largement traités et fouillés en plein bois, est vraisemblablement l’œuvre d’un artisan qui a travaillé pour lui-même ou d’un compagnon candidat à la maîtrise, car l’on ne connaît pas d’autre exemple du même genre.

M. le Président met aux voix la reproduction des bas-reliefs de l’église Sainte-Marguerite.

Adopté.


24. — Visite aux vestiges de la tour dite de la Liberté de la Bastille.

M. Tesson ajoute que la Commission est descendue, à l’entrée de la rue Saint-Antoine, dans la fouille pratiquée pour l’établissement du chemin de fer métropolitain, où elle a pu examiner d’importants fragments de l’une des tours de la Bastille mis à jour récemment.

M. Gosselin-Lenôtre fait circuler un intéressant croquis, dessiné par lui, donnant l’impression produite par ces robustes vestiges sous la voûte de la voie ferrée.

M. Charles Sellier dit que l’on se trouve en présence de la tour dite de la Liberté.

M. Selmersheim dit que la disposition des assises de pierre, telle qu’on la voit, est faite pour déconcerter ; il est absolument étonnant qu’une construction du XIVe siècle présente ainsi, sur trois assises, une assise intermédiaire en retrait. Il serait nécessaire de dégager le libage, de descendre la fouille plus bas et de faire un relevé de l’appareillage afin de ne pas attribuer au XIVe siècle des travaux postérieurs.

M. Gosselin-Lenôtre émet l’avis de placer cette tour dans une des promenades de Paris ; puisqu’il faut l’enlever de la place où elle se trouve actuellement, il n’y a aucune dépense nouvelle et spéciale à faire. Il suffirait de numéroter les matériaux et de les transporter dans une promenade publique, où le service administratif ferait le remontage. Le jardin du Trocadéro semble bien indiqué pour cela.
M. John Labusquière ajoute que l’on trouverait en effet dans ce jardin l’adossement indispensable pour la mise en valeur de cet ancien vestige.

M. Formigé fait remarquer que le jardin du Trocadéro va être occupé pendant au moins trois ans par l’Exposition universelle.

M. Tesson propose le parc de Montsouris. M. Alfred Lamouroux estime qu’il faut d’abord se prononcer sur le principe de la conservation, la destination n’étant plus ensuite qu’une affaire secondaire à laquelle on avisera plus tard.

M. Selmersheim insiste alors pour que l’on fasse un complément de fouilles, car les hommes de l’art qui connaissent les constructions du XIVe siècle se font une tout autre idée de ce qui l’édifiait à cette époque. Il paraît certain qu’il y a eu une retouche aux substructions de la tour ; il importe d’établir la raison d’être du retrait de l’assise intermédiaire.

M. Georges Villain ajoute qu’il est possible que les parements aient été enlevés.

M. Normand observe que sur le plan dit de Turgot l’on remarque à la base des tours de la Bastille des rayures, se rapportant vraisemblablement à des assises de pierre.

M. Alfred Lamouroux, reprenant les éléments de la question, dit que l’on se trouve bien en présence d’une des tours de la Bastille. Ce qui en reste est bien authentique. C’est un souvenir absolument certain. Par conséquent, il est préférable d’enlever ces pierres pour les réédifier que de les casser. Quant au point de savoir leur rapport avec la construction primitive, il s’agit d’une étude particulière, qui rentre absolument dans les attributions de la 2e Sous-commission.

M. le Président dit que la Commission a à se prononcer sur deux propositions : l’une tendant à dégager complètement les vestiges de la tour, l’autre à conserver cet ancien souvenir de la Bastille.

La première proposition est adoptée et renvoyée à la 2e Sous-commission pour rapport.

La deuxième proposition est adoptée en principe, sans désignation de l’emplacement où aura lieu la réédification.