Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1899, 5.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

160

était nécessaire, être provisoirement déposés dans le magasin que M. l’architecte Gion organise en ce moment dans le sous-sol de l’école de la place Louvois et qui servira également au musée Carnavalet.

M. Sellier répond que le magasin de la place Louvois est appelé à rendre de grands services ; il sera largement suffisant pour le but proposé, mesurant environ 10 mètres de long sur 20 mètres de large. Ce local était destiné à être comblé, et c’est à l’initiative de M. l’architecte Gion que le doit la Commission.

L’incident est clos.

18. — Observations au sujet des réserves à insérer dans les cahiers des charges des entrepreneurs de démolitions.

M. Tesson, au nom de la Ire Sous-commission, dit que la voie dans laquelle est entrée l’Administration sur le vœu de la Commission du Vieux Paris, au sujet des objets à réserver dans les démolitions, sera évidemment productive de résultats excellents à divers points de vue. Ces belles productions de l’artisan parisien dans l’art de l’habitation, qui sont encore si nombreuses aujourd’hui, pourront échapper, soit à la destruction par ignorance ou indifférence, soit à la dispersion par spéculation. Les édifices municipaux pourront recueillir tout ce qui sera utilisable dans les constructions nouvelles ; les écoles professionnelles pourront rassembler des échantillons des travaux les plus divers à titre de modèles d’exécution.

La Ire Sous-commission demanderait, pour pouvoir accomplir sa mission de recherche des objets à réserver, qu’une entente puisse se faire entre les membres de la Commission chargée des constatations sur place et les agents de l’Administration, qui ont qualité pour pénétrer dans toutes les parties des immeubles à démolir, afin de dresser les relevés destinés à l’établissement du cahier des charges.

Il est, en effet, souvent difficile et délicat de demander l’entrée de domiciles encore occupés par des particuliers ; aussi semble-t-il nécessaire de réduire le nombre des visites à faire dans ces locaux.

Renvoyée à l’Administration.

19. — Visite à l’hôpital Trousseau et à l’hôpital Saint-Antoine.

M. Tesson dit qu’une délégation de la première Sous-commission s’est rendue à l’hôpital Trousseau, 89, rue de Charenton, pour voir si cet ancien établissement, qui est destiné à disparaître dans un avenir prochain, ne contenait pas de souvenirs intéressants à conserver et s’il n’y avait pas lieu de demander la reproduction de certains aspects.

L’hôpital Trousseau, autrefois hôpital Sainte-Eugénie, fut fondé à la fin du xviie siècle pour recevoir les enfants trouvés, qui, alors, étaient recueillis dans un établissement situé près de Saint-Lazare, après avoir quitté le château de Bicêtre, qui avait été délaissé parce que la mortalité y était trop grande. Les libéralités d’Étienne d’Aligre, chancelier de France, et du président de Bercy, permirent d’acquérir en 1669 un terrain au faubourg Saint-Antoine et d’édifier un hôpital des Enfants-Trouvés, qui, par une déclaration royale du mois de juin 1670, fut réuni à l’Hôpital général.

Il reste peu de chose de l’établissement primitif.

Le pavillon dit d’Aligre a conservé son cachet de l’époque ; l’église, dont la reine Marie-Thérèse d’Autriche aurait posé la première pierre, possède la sépulture de la chancelière d’Aligre, Elisabeth Luillier, qui s’était retirée, après la mort de son mari, dans la maison qu’elle n’avait cessé de combler de ses bienfaits.

Cette sépulture n’a pas d’autre marque apparente qu’une très modeste couronne de perles de la fabrication parisienne la plus actuelle, qui se trouve à droite de l’autel, au pied duquel est la trappe fermant le caveau.

Une plaque apposée à gauche de la croisée porte l’inscription suivante :

LE 30 NOVEMBRE 1874

A ETE CELEBRE DANS CETTE EGLISE

DE St LOUIS DES ENFANTS

LE 2e ANNIVERSAIRE SECULAIRE

DE LA FONDATION DE LA MAISON

ET DE L’ENTREE

DES SOEURS DE CHARITÉ

A. G. P.