Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/153

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dans le musée municipal do l'hôtel Carnavalet pour re- cevoir les nombreux objets trouvés au cours de ces travaux : armes, ustensiles, poteries et autres souve- nirs de la vie parisienne d'autrefois.

II est indispensable, avant de quitter le terrain dès fouilles, de parler des investigations auxquelles vient de se livrer la Commission, afin de rechercher les vestiges d'un théâtre gallo-romain situé presque en- tièrement sous le lycée Saint-Louis.

Les abords et l'emplacement de ce théâtre, dont l'existence est à peu près complètement ignorée, avaient été soigneusement relevés et décrits par un architecte archéologue qui fut pendant de longues années au service de la Ville, M. Théodore Vacquer, et dans les papiers duquel fut retrouvé le rapport complet, accompagé de notes, de croquis et de plans.

Le fructueux résultat des constatations faites par la Commission est tout à l'honneur de M. Vacquer. Les indications consignées par lui, dans ses travaux per- sonnels, se trouvant confirmées par l'enquête, mon- trent l'intérêt des documents laissés par ce trop modeste serviteur.

A plusieurs reprises, la Commission eut également à s'occuper des rues de Paris, aux différents points de vue des noms, des plaques indicatives et du numéro- tage.

Elle demanda et obtint de la municipalité que les vieux noms, dont les orthographes bizarres indiquent si exactement l'âge des voies qui les portent, soient conservés intacts en raison des souvenirs locaux qu'ils rappellent, des industries disparues qu'ils signalent, des faits historiques et quelquefois burlesques qu'ils évoquent.

Pour les plaques indicatives, elle a aussi demandé et également obtenu la conservation des anciennes inscriptions dont le nombre est encore considérable et qui sont gravées dans la pierre même des maisons.

La comparaison est souvent curieuse entre le nom d'hier et celui d'aujourd'hui ; elle est suffisante pour éveiller dans l'esprit du passant l'idée de la recherche et le désir de savoir.

Le résultat ne sera pas à dédaigner et le chercheur n'aura pas perdu son temps chaque fois que la chose trouvée devra être pour lui un enseignement.

En ce qui concerne les numéros des immeubles, la question n'est pas de mince importance, On sait quelle difficulté l'on rencontre, au cours de recherches historiques, pour identifier une maison ancienne ayant subi plusieurs numérotages successifs. On s'en rendra facilement compte à la lecture de diverses 'études publiées dans les procès-verbaux de la Commission et dues à plusieurs de ses membres.

L'historien ou le simple chercheur, souvent arrêté, pour cette raison, au seuil même de ses travaux, est absolument désorienté dès qu'une décision adminis- trative, promulguée dans le silence des bureaux, vient apporter une nouvelle numérotation modifiant les pré- cédentes.

Les meilleures raisons ont démontré que la chose, si regrettable qu'elle puisse être, était dans certains cas inévitable. Un palliatif restait, que les mêmes

bureaux accordèrent à la Commission du « Vieux Paris », à savoir une publicité large et judicieuse faite, à l'avenir, pour tous les actes concernant la modification du numérotage des maisons.

La conservation de l'aspect des rues et des places publiques devait, comme le maintien des vieux noms et comme le numérotage des immeubles, solliciter l'attention de la municipalité.

Depuis l'irrémédiable perte de la belle ordonnance de la place des Victoires, dont la grandiose et solen- nelle symétrie devait à jamais disparaître à la suite de concessions et de faiblesses de toutes sortes, un courant qui prit naissance dans le sein de la Com- mission du «Vieux Paris», sembla se dessiner dans la population parisienne en faveur de la stricte obser- vation des règlements relatifs aux voies classées.

La place Vendôme, la rue Royale, la place des Vosges, sont livrées, on ne le sait que trop, à un assaut continuel de l'enseigne commerciale et de la réclame industrielle.

Elles constituent cependant les seuls et rares sou- venirs de ces somptueux quartiers qui faisaient autrefois la grandeur de la capitale. Elles sont ce qui reste à Paris de ces grandes pages d'architecture urbaine, de ces ensembles symétriques et harmonieux, conçus et édifiés à la gloire des différentes époques de notre histoire.

La Commission du « Vieux Paris », sans nier les besoins si respectables du commerce et de l'industrie, pensa que leur installation, dans ces maisons d'un autre âge qui semblent si peu faites cependant poul- ies recevoir n'était pas incompatible avec la stricte observation du respect de la façade, prescrit dans un but de décoration générale.

Elle obtint de l'Administration municipale que les droits de la Ville seraient rigoureusement maintenus, les servitudes imposées aux propriétaires n'ayant pas été abolies.

Puisse cet engagement, donné par les services admi- nistratifs à la Commission du Vieux Paris, sauve- garder le peu qui reste de celte partie du patrimoine d'art de la grande cité et arrêter le vandalisme nais- sant qui semble vouloir s'abattre sur les deux seuls points de la capitale qui subsistent probablement encore dans leur intégralité : la place Vendôme et la place des Vosges.

Dans ce patrimoine, qui comprend tant de choses remarquables, brillent au premier rang les églises et les édifices religieux.

Presque toutes les églises parisiennes, on le sait, sont le bien de la Ville ; à ce titre il a paru à la Commission municipale, organe officiel de la Cité, qu'il lui appartenait de connaître do quelle façon était entendue la mise en valeur des nombreuses oeuvres d'art qui en font la décoration.

Il résulte d'une enquête ordonnée par elle que l'orientation artistique qui devrait présider à l'aména- gement do ces édifices fait presque partout défaut. Aucun souci n'apparaît du parti décoratif qu'il serait possible de tirer d'un tableau ou d'une statue.

La question d'art semble indifférente à ceux qui’