Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/222

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Or que disait le dogme ? Deux choses.

1. En ce qui concerne la condition générale de l’humanité et sa destinée finale :

Que l’homme est pécheur à l’origine ; qu’en raison de ce péché il est sujet de la mort, soumis à la misère, exposé à la damnation ; mais qu’en faisant pénitence, acceptant volontairement, à l’exemple du Christ, la souffrance, le dénûment et l’humiliation dans cette vie, il thésaurisait la miséricorde pour l’autre ; que là était le secret de la religion et le vrai sens de la mission de Jésus-Christ.

2. En ce qui touche le régime de la société nouvelle et les moyens d’arriver au salut :

Qu’en principe l’homme, perdu par sa faute, ne peut se sauver qu’avec le secours de la grâce divine, dont la dispensation quotidienne, aux âmes et aux églises, est l’objet des soins assidus de la Providence.

« Par grâce on entend en général un don que Dieu accorde aux hommes par pure libéralité, et sans qu’ils aient rien fait pour le mériter, soit que ce don regarde la vie présente, soit qu’il ait rapport à la vie future.

« Il y a plusieurs espèces de grâces :

« Grâce naturelle et grâce surnaturelle ;

« Grâce intérieure et grâce extérieure ;

« Grâce habituelle et grâce actuelle ;

« Grâce prévenante ou opérante, et grâce coopérante ou subséquente ;

« Grâce suffisante et grâce efficace ;

« Grâce accordée pour le salut des autres, et grâce accordée pour le salut propre, ou, comme dit l’École, gratia gratis data, et gratta gratum faciens. » (Bergier, Dict. de Théol.)

L’homme est donc enveloppé tout entier par la grâce, laquelle est essentiellement gratuite et d’une nécessité absolue : ainsi en a décidé l’Église.

Une simple observation sur cette théorie.

Par grâces naturelles on entend, dit Bergier, les avan-