Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/251

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science du pays, mais de l’influence à laquelle obéit le gouvernement, et dont la source est en dernière analyse la religion. Jamais le pouvoir ne s’est donné pour maître de théologie ; c’est à l’Église que l’opinion attribue cette prérogative, devant laquelle s’incline le pouvoir. Forte de cette direction des âmes, qu’on ne lui dispute pas, l’Église a toujours fait du pouvoir ce qu’elle a voulu. Sous Louis-Philippe, les jésuites de Lyon, condamnés par la loi de 1828 à sortir du royaume et à se défaire de leurs propriétés, furent autorisés secrètement à conserver leurs biens : c’était un effet de la protection de la reine Marie-Amélie. Que firent les jésuites ? Ils continuèrent d’acquérir, et plus que jamais ils acquièrent.

La question est donc plus haute que le conseil d’État. Il se peut très-bien que le Temporel ne sache pas ce qu’il fait, Ignosce illis, Domine ! mais le Spirituel le sait, et c’est vous, vous seule, Église du Christ, que j’interpelle ; c’est vous que je somme de justifier vos actes, dans leur principe, dans leur but et dans leur forme. Que signifient ces concessions, ces donations, ces subventions, ce cumul d’emplois, ces monopoles, ces priviléges, ce commerce, cette industrie, ces banques, tous ces moyens plus ou moins licites, empruntés à la pratique séculière, dont l’Église se sert pour gagner de l’argent et étendre ses possessions ?

XV

Partout l’Église travaille à changer son état, conspire contre la division et la circulation de l’immeuble, prélude, par ses restaurations et ses rachats, à la conversion de la propriété démocratique et libre en propriété ecclésiastique et de mainmorte. Pour arriver à ses fins aucun moyen ne lui répugne. Au premier rang il faut mettre ces contributions par sous et deniers qu’elle sait lever sur