Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui se fermait, puis plus rien. Cinq minutes après on vit sortir le confesseur, un paquet sous sa soutane. Les héritiers ramassèrent les nippes, mais ne trouvèrent pas de monnaie. Croyez-vous, Monseigneur, que j’accuse ce prêtre de vol ? À Dieu ne plaise ! Il n’était coupable que d’œuvre pie. Le sac bien et dûment remis à l’Église, il avait accompli son devoir de confesseur et de chrétien.

Ainsi cette loi de la famille qui enjoint aux enfants de soigner leurs auteurs jusqu’à la mort, vous ne la respectez pas. Cette loi de l’héritage qui, malgré son imperfection, inévitable dans une société antagonique, forme le lien des générations, vous la violez. Ces formes protectrices dont le législateur a entouré la faculté de donner et de tester, afin de garantir la famille contre la passion ou la folie de ses membres, autant qu’il est en vous vous les éludez. Tandis que par la succession naturelle le législateur maintient la perpétuité et l’individualité familiale, vous, avec votre communisme, vous rompez cette filiation ; ou si, en faveur de la caste nobiliaire, vous maintenez le principe de l’héritage, vous le corrompez aussitôt, suivant vos vues, en y introduisant le droit d’aînesse, droit biblique, droit chrétien, en vertu duquel le superflu de la reproduction aristocratique est refoulé dans la misère plébéienne.

XVI

Parlons de vos opérations commerciales : j’ai à vous citer des faits que vous ne récuserez pas.

Lorsque j’étais imprimeur à Besançon, en 1840, je vendais le cent de catéchismes, cinq feuilles in-12, broché et rogné, 18 fr., soit, au détail, 20 centimes l’exemplaire. Quelques années après, ayant quitté le métier, et passant par ma ville, je trouvai les choses toutes changées. Mgr Mathieu ayant prétendu, en vertu de je ne sais quelle loi de l’ancienne Constituante, que tous les livres