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l’âme humaine et la division industrielle présentent des ressources infinies.

Telle est donc la pensée radicale, irréconciliable à jamais, qui sépare l’économie chrétienne, malthusienne, économie à la fois matérialiste et mystique, de l’économie révolutionnaire.

La première, jugeant d’après les anomalies superficielles des choses, n’hésite point à déclarer les hommes inégaux par nature ; et sans se donner la peine de les comparer dans leurs œuvres, sans attendre le résultat du travail, de l’éducation et de la séparation des industries, se gardant surtout de rechercher avec exactitude la part qui revient à chacun dans le produit collectif, et de mesurer la dotation à la contribution, elle conclut de cette inégalité prétendue à la consécration du privilége, tant d’exploitation que de propriété.

La Révolution, au contraire, partant du principe que l’égalité est la loi de toute la nature, suppose que l’homme par essence est égal à l’homme, et que si, à l’épreuve, il s’en trouve qui restent en arrière, c’est qu’ils n’ont pas voulu ou pas su tirer parti de leurs moyens. Elle considère l’hypothèse de l’inégalité comme une injure gratuite, que dément chaque jour le progrès de la science et de l’industrie, et elle travaille de toutes ses forces, par la législation et par l’équation de plus en plus approchée des services et des salaires, à redresser la balance qu’a fait pencher le préjugé. C’est pour cela qu’elle déclare tous les hommes égaux en droits et devant la loi, voulant, d’une part, que toutes industries, professions, fonctions, arts, sciences, métiers, soient considérés comme également nobles et méritoires ; de l’autre, qu’en tout litige, en toute compétition, les parties, sauf évaluation des produits et services, soient réputées égales, et, afin de réaliser de plus en plus dans la société cette Justice égali-