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cepté le respect de l’humanité ; — si elle est établie sur les lois authentiques de la conscience, et sans aucune considération transcendantale, ce sera le respect de l’humanité, et ce ne pourra pas être autre chose. J’ai démontré cette proposition dans ma précédente étude.

Je poursuis mon discours, et j’ajoute :

Si la Justice, en ce qui concerne les biens, a pour base une idée théologique, ce sera tout ce qu’on voudra, excepté l’égalité ; — si elle repose sur le principe de la réciprocité humaine, donné dans la conscience par le sentiment que l’homme a de sa dignité en autrui, ce sera l’égalité et rien que l’égalité. Je l’ai démontré dans les cinq premiers paragraphes de cette troisième étude, et je le démontrerai encore mieux tout à l’heure.

Toute la moralité humaine, dans la famille, dans la cité, dans l’État, dans l’éducation, dans la spéculation, dans la constitution économique, et jusque dans l’amour, dépend de ce principe unique : Respect égal et réciproque de la dignité humaine, dans toutes les relations qui ont pour objet soit les personnes, soit les intérêts.

La théorie de la Justice divine, qui n’est autre chose, au fond, que l’élévation à la suprême puissance de la justice unilatérale des compagnons de Romulus, aboutit fatalement à la spoliation mutuelle, au brigandage organisé, à la guerre sociale. C’est elle qui produit ce système de priviléges, de monopoles, de concessions, de subventions, de prélibations, de pots-de-vin, de primes, où les biens du prince sont confondus avec ceux de la nation, la propriété individuelle avec la propriété collective ; système dont le dernier mot est l’extermination des citoyens les uns par les autres, figurée par le mythe chrétien de l’enfer.

La théorie de la Justice humaine, dans laquelle la réciprocité de respect se convertit en réciprocité de ser-