Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/298

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dition. Toute addition, fictive ou forcée, au prix de revient, est un mensonge commercial ; toute vente de marchandise dont la valeur est surfaite ou surchargée de frais parasites, un vol. Si, par exemple, entre les producteurs-consommateurs qui échangent leurs produits il existe une série d’intermédiaires, dont les commissions, intérêts, courtages, grèvent artificiellement le prix des marchandises, comme en définitive cette surtaxe se prend sur la marchandise même, il arrivera que lesdits producteurs-consommateurs, apportant chacun une valeur de 100 à l’échange, ne recevront tous que 15, 20, 30, 50 au plus. Leur position est la même que celle de l’ouvrier dont nous parlions tout à l’heure, qui pour un travail de 100 ne reçoit qu’un salaire de 15, 20, 30, 50, le surplus faisant le bénéfice du patron.

L’égalité dans l’échange, voilà donc encore un principe hors duquel point de Justice. Or ce principe, l’Église et l’antiquité tout entière l’ont méconnu ; de nos jours les économistes conservateurs du privilége s’efforcent de l’étouffer sous la mystification de leur libre échange.

Si l’égalité dans le commerce était réalisée, un nouveau progrès, un progrès immense serait accompli vers l’égalité des fortunes… Mais, en persévérant dans cette direction égalitaire, que deviendrait tout à l’heure la hiérarchie, le système de subordination et d’autorité ?

Dans ces derniers temps, le gouvernement impérial a essayé de réglementer le commerce de la viande et de la boulangerie, la production des alcools, etc. À force d’amendes il est parvenu à faire observer ses taxes ; mais comme il ne dépend pas du gouvernement d’assigner le prix naturel des choses, bien moins encore d’éliminer du prix courant les surcharges dont le parasitisme le grève, le gouvernement n’a réussi qu’à constater officiellement que le pain était cher, la viande hors de prix,