Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/42

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chit de l’idée divine, la Révolution est suspecte ; jusqu’à ce que de façon ou d’autre elle se soit justifiée, son crime pèse sur elle, et le monde, religieux quand même, sacerdotal quand même, hiérarchique quand même, lui demeure hostile.

De la part des peuples, divisés dans leur pensée, la sympathie et la méfiance sont donc également acquises à l’Église, également acquises à la Révolution. À l’une la considération religieuse, à l’autre la considération juridique. Mais à celle-ci l’horreur qu’inspira de tout temps l’inculpation d’athéisme, à celle-là les colères de la liberté.


4. — La question est entre la Révolution et l’Église.


Une question se produit donc, fatale, et qui n’admet pas de déclinatoire :

La Révolution et l’Église, représentant chacune un élément de la conscience, sont-elles appelées à une conciliation ?

Ou bien l’une doit-elle être subordonnée à l’autre ?

Ou bien enfin ne serait-ce point que celle-ci ou celle-là doit s’éclipser ? Ce qui revient à demander si la Religion et la Justice, au point de vue de la société, ne sont pas de leur nature incompatibles, la première devant se renfermer dans les limites de la conscience, tout au plus dans le cercle de la famille, tandis que la seconde embrasse tout ?

Fusion, subordination, ou élimination : il n’y a pas place pour une quatrième hypothèse.

Or, s’il se trouvait que la dernière de ces hypothèses fût la véritable, il deviendrait inutile de disserter plus longtemps sur les deux autres. Il y a donc