Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/468

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« Un quart d’heure de carcan sous la garde du bourreau ;

« Soixante coups de baguette appliqués par le bourreau ;

« Cinq années de brouette ;

« Dix années d’internement dans sa ville natale ;

« Perte des droits civils et politiques ;

« Interdiction du mariage ;

« Exclusion des exercices de piété ;

« Amende honorable à l’Église, la corde au cou, une baguette à la main ;

« Dommages-intérêts, frais du procès, etc., etc.

C’est à ces mœurs disciplinaires qu’on voudrait aujourd’hui nous ramener. Dépravation de la pénalité, dépravation de la morale.

Mais le Dieu qui punit est aussi le Dieu qui fait grâce : et trois fois heureux le coupable que l’Église couvre de son aile ! C’est un principe en théocratie que, comme les hommes ne sont point égaux devant la prédestination, ni par suite devant la naissance, ni devant la fortune, ni devant la condition, ni devant la loi, ils ne le sont pas non plus devant le supplice. Et c’est en conséquence de ce principe qu’avant la Révolution, les prêtres, les nobles, tous les personnages élevés en dignité, plus rarement coupables que les autres parce que la loi leur était plus favorable, rarement punis parce que, jugés par leurs pairs, ils ne pouvaient trouver dans leurs pairs que des complices, lorsque enfin le châtiment les atteignait, étaient frappés beaucoup plus doucement, et avec des formes qui ôtaient au supplice tout caractère d’ignominie.

Nos mœurs, sous ce rapport, ont été singulièrement amendées par la Révolution. Mais qui oserait dire que notre bourgeoisie prétendue voltairienne soit entièrement purgée de tout catholicisme ?

Dans un département qu’il est inutile que je nomme, un paysan et sa femme martyrisèrent à coups d’épingles,