Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 1.djvu/47

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que la Révolution française, faisant prédominer le principe juridique, ouvre une période nouvelle, un ordre de choses tout contraire, dont il s’agit maintenant pour nous de déterminer les parties.

Irai-je donc à cette heure recommencer pour le choix d’une religion une polémique épuisée ; disputer avec les sectes ; chicaner l’Église, leur maîtresse à toutes, sur ses dogmes et ses mystères ; contester l’authenticité de ses Écritures, refaire son histoire, dévoiler ses origines, ses empiétements, ses emprunts ; expliquer ces mythes, opposer à sa genèse, à son déluge, à ses théophanies, astronomie, géologie, physique, chronologie, philologie, économie politique, l’encyclopédie tout entière du savoir humain ; puis railler son culte, blâmer sa discipline, étaler ses hontes, rappeler ses abaissements et ses vengeances ?

Irai-je lui demander compte de son vicariat, comme si je me souciais de ce divin ministère ; dire qu’elle a failli aux inspirations du Très-Haut, comme si je m’instituais prophète à sa place ; prétendre, avec l’auteur de Terre et Ciel, que le temps est propre pour une rénovation de la théologie, que le besoin s’en fait partout sentir, et sur ce pieux prétexte, me mettre à théologiser de concurrence avec l’épiscopat ?…

Non, non, ce n’est pas moi qui donnerai dans de pareilles lubies.

Jamais je n’eusse contesté l’autorité de l’Église, si, comme tant d’autres qui se font ses compétiteurs, j’admettais pour la Justice la nécessité d’une garantie surnaturelle. Je n’aurais pas cette présomption étrange, partant de l’hypothèse que l’idée de Dieu est indispen-