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1o Quant à la peine, rien ne prouve que par la manière de travailler, l’éducation du travailleur, l’organisation de l’atelier, elle ne puisse diminuer d’intensité dans une proportion parallèle au développement de l’industrie, et par conséquent inassignable.

2o Quant au rapport de salariant à salarié, ou mieux, d’ouvrier à entrepreneur, s’il est vrai que ces deux qualités ne peuvent exister en même temps et au même point de vue dans le même sujet, rien ne prouve encore qu’en vertu des mêmes causes elles ne puissent et ne doivent appartenir, soit en différents temps, soit à divers points de vue, à chaque sujet, de manière à se balancer en toute vie d’homme.

Si ces deux hypothèses étaient résolues par l’affirmative, il est clair que la nécessité ci-dessus alléguée n’existant pas, pouvant du moins être combattue avec succès par les ressources de l’enseignement industriel et de l’organisation économique, il y aurait lieu de réformer sur nouveau plan l’exploitation agricole et manufacturière, de sorte que la malfaisance du travail cédât peu à peu sous l’influence de la Justice, de la science et de la liberté.

Dans le cas contraire, admettant, d’une part, que la peine inhérente au travail fût invincible ; de l’autre, que l’élévation progressive du travailleur de la qualité de salarié à celle de participant fût incompatible avec les exigences de la production, dans ce cas, dis-je, nous retomberions sous la loi prédestinatienne ; la théorie du péché originel l’emporterait sur celle de la Justice immanente, et l’Église aurait gain de cause contre la Révolution.

Telle est la question que nous avons à résoudre.

V

Jusqu’à la Révolution française, l’examen d’une sem-