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forme ainsi un douar, rond de tentes, dont il est le représentant et le chef naturel, cheikh, et qui porte son nom. »


Élevons-nous encore d’un degré, et nous trouvons, toujours d’après le livre des Nombres, la parenté (hébreu, mischphachah ; Vulgate, cognatio), dont voici la composition :

« Divers douars réunis, dit l’auteur des Mœurs algériennes, forment un centre de population qui reçoit le nom de farka. Cette réunion a lieu principalement lorsque les chefs de douars reconnaissent une parenté entre eux ; elle prend souvent un nom propre, sous lequel sont désignés tous les individus qui la composent. »


Enfin, au-dessus de la parenté, ou farka, existe la tribu (hébreu, matteh, bâton ou sceptre ; Vulgate, tribus), laquelle est formée de plusieurs parentés, comme la parenté elle-même est formée de plusieurs familles.

La réunion des tribus, parentés, familles, avec leurs esclaves, valets, fermiers, clients ; les jongleurs, diseurs de bonne aventure, bouchers, barbiers, sacrificateurs, médecins, tout le corps des lévites enfin, qui ne formaient pas, à proprement parler, une tribu, mais étaient éparpillés dans la masse, constituait le corps de la nation ou le peuple (hébreu, aam). Le genre de ce mot, qui est féminin, explique l’allégorie, si fréquente dans la Bible, du contrat de mariage passé entre le dieu Jéhovah et la aam d’Israël, devenue si tôt, et tant de fois, adultère. Tacite et Josèphe suivent la même idée, commune d’ailleurs à tous les peuples anciens, quand, parmi les prodiges qui précédèrent la chute de Jérusalem, ils racontent qu’on entendit dans le sanctuaire une voix humaine, plus forte que nature, qui disait : Sortons ; audita major humanâ vox, excedere deos. C’était le divorce entre le Dieu et la cité qui s’accomplissait.

Considéré comme société religieuse formée sous l’in-