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celui-ci et ses sujets, par lequel il leur garantit à tout le moins travail et salaire. Mais le moyen, dans une démocratie, de décréter que je dois fournir du travail à un particulier dont les services me sont inutiles, et, si je ne puis l’occuper, que je payerai une taxe à l’État, qui l’occupera ? Un pareil principe est un recours au despotisme, au communisme, la négation de la République.

Et voici que la Révolution leur répond : — Dans la condition économique de l’ancien régime, le droit au travail implique contradiction, cela est vrai ; sous le nouvel ordre de choses, ce n’est plus qu’un non-sens. Avec la Balance des services et des valeurs, l’équilibre des forces, l’organisation intégrale de l’apprentissage, il y aura toujours plus de travail demandé que de travail offert : la question tombe dans l’absurde.

Quelle révélation !

Qu’est-ce encore, disaient ces pauvres gens, que le droit à l’assistance ? Ceux qu’on ne peut pas même faire travailler, devra-t-on les assister gratuitement ? Pourquoi pas aussi le droit au repos, le droit à l’oisiveté ? On comprend l’assurance, ou mutualité du risque provenant de force majeure. Mais l’assistance relève de la charité pure : comment décréter que la charité forme obligation pour l’un, droit pour l’autre ?

Absurdité, en effet, dit la Révolution, comme l’amour forcé, la Justice indemnisée, la vertu récompensée, ou le travail dû ; mais absurdité qui tombe sur vous. Dans la société mutuelliste, toute espèce de risque est couverte par l’assurance, hors celui qui provient de la paresse et de l’inconduite. Plus de paupérisme, l’assistance n’a rien à faire.

Quelle honte à l’Évangile ! Quel scandale !

Tout languit, poursuivaient-ils, faute d’une rémunération suffisante, agriculture, industrie, sciences et arts.