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cation des grâces ou vertus médicinales de l’être saint, qui est Dieu.

Cela posé, voici comment l’Église entend combattre le péché, former et soutenir les mœurs, armer la conscience contre ses propres faiblesses.

Tandis que l’éducation profane s’applique à façonner l’homme dans son corps, son intelligence, ses rapports sociaux, par la démonstration des lois de la nature et de l’esprit, l’enseignement du droit et de la civilité, l’Église, par des conjurations appelées sacrements dont elle a le privilége, par l’exorcisme hebdomadaire et anniversaire de ses offices, par la pratique de la mortification et de l’oraison, par la direction d’intention, surtout par une foi absolue aux vérités révélées, prétend attaquer le péché dans son germe, émonder la volonté, et donner à nos inclinations toute la moralité dont elles sont susceptibles.

Tel est l’objet de l’enseignement chrétien proprement dit : ceux qui, spiritualisant davantage, ont prétendu dégager le christianisme de ce rituel, et le réduire au pur amour de Dieu et à la pure morale, ont été déclarés quiétistes, athées, qui pis est immoraux, en conséquence retranchés de la communion de l’Église et voués à l’enfer.

C’est d’après ce principe que le fondateur principal de la secte chrétienne aurait été, par un oracle particulier, nommé Jésus, sauveur, libérateur, guérisseur, du même nom que les Esséniens, en grec Thérapeutes, comme qui dirait guérisseurs de consciences, par l’allopathie théurgique.

Et c’est pour se conformer à la même pensée que ledit Jésus aurait dit à ses disciples :

« Allez, enseignez toutes les nations ; baptisez-les (lavez-les, purifiez-les), au nom du Père, du Fils et de l’Esprit, et donnez-leur communication de mes ordonnances. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus. »