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Ce que j’aurai à dire de la pédagogie ecclésiastique nous permettra de juger, par voie d’opposition, de ce que doit être un jour la pédagogie révolutionnaire : car, hélas ! il ne faut pas nous le dissimuler, même aux jours de la proscription des prêtres l’éducation du peuple n’a pas cessé d’être chrétienne ; et tous tant que nous sommes, générations de 89, de 93, de 1809, de 1814, de 1830 et de 1848, nous avons été faits, la postérité dira si ce fut pour notre malheur ou notre gloire, enfants de Dieu et de l’Église.


CHAPITRE II.

L’homme dans son for intérieur. — Symbolique du culte et de la prière. — Double conscience.

VII

La pédagogie de l’Église, de même que son économie et sa politique, a donc pour point de départ le dogme de notre malice innée, qu’il est utile en ce moment que je rappelle.

L’homme, par l’infection de sa nature, ne peut de lui-même vouloir et pratiquer le bien.

Il n’y a point, disait Luther d’après saint Paul, dans l’homme non justifié par le Christ, de vertu morale sans orgueil et sans tristesse, c’est-à-dire sans péché. Ainsi, nous ne devenons pas justes en faisant ce qui est juste ; mais, étant devenus justes, nous faisons ce qui est juste.

Ce principe admis, la question de l’éducation se réduit pour tout chrétien, et, nous le verrons bientôt, pour tout esprit religieux, à enseigner à l’homme, avec les préceptes de la morale, qui par eux-mêmes resteraient impuissants, les pratiques sacramentelles ou justifiantes,