Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/57

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les rendant incompatibles avec la piété et la foi. C’est de quoi. Monseigneur, j’ai à m’entretenir maintenant avec vous.

Commençons par l’enseignement primaire.

XX

Il y a quarante ans, quelques amis du peuple avaient cherché à introduire en France la méthode d’enseignement mutuel, dite méthode de Lancaster. Ils avaient compris que les éléments du savoir ne devaient pas se borner aux signes graphiques ; que chez l’enfant, comme chez l’homme, la raison ne peut être scindée, et qu’à la lecture, à l’écriture, à la grammaire, aux règles du calcul, il importait de joindre quelques notions de philosophie pratique, d’autant mieux reçues qu’elles arrivaient à l’âme de l’enfant sans le secours du maître, et par le frottement seul de ses camarades.

À ce propos, je dirai que je suis loin d’accorder autant d’importance qu’on le fait généralement à ce que l’école de Fourier appelait Éclosion et développement des aptitudes, et que la pédagogie chrétienne nomme simplement Recherche de la vocation. Je ne nie pas qu’il y ait utilité pour tout le monde à ce que l’individu tire de ses facultés et rende à ses semblables le meilleur service possible ; mais je pense que, la vie étant un combat, l’homme un être libre, c’est pour le combat qu’il importe de l’armer ; ce qui se fera beaucoup moins encore par l’esprit que par le caractère. Il faut donc qu’un homme soit préparé pour toutes les situations, et qu’il sache s’y montrer digne et heureux, sinon triomphant, à peine de n’être qu’un instrument dans la main de la fatalité, ou, comme dit le chrétien, de la Providence.

M. de Lamartine écrit dans son Cours familier de Littérature, numéro de février 1857 :