Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/68

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tion des prix du collége, et ne paraît point à celle du lycée. N’est-il pas clair que l’empire n’est rien, que la contre-révolution est tout ?…

À Paris, les institutions de jeunes filles seront bientôt tenues exclusivement par des religieuses. Pour celles-ci, on n’exige pas de diplômes, aucune condition de savoir, de moralité, ni de méthode ; l’habit tient lieu de tout ; pas d’inspections : une jeune fille peut être mise dans l’in pace sans que ni la famille ni le procureur impérial en sachent rien. Au contraire, pour les institutrices laïques, des examens répétés, formidables ; des diplômes chèrement achetés ; des visites fréquentes, sévères, depuis la salle d’études jusqu’à la cuisine. La qualité de laïque, dans l’enseignement, est une cause de suspicion.

XXIII

Ce qu’a fait l’ancienne Église, aux époques mémorables des Constantin, des Théodose et des Attila : destruction des livres, monuments, inscriptions, tableaux, statues, temples ; condamnation des idées, persécution des auteurs, l’Église moderne le recommence, avec autant de fureur et plus d’habileté que jamais. Et l’œuvre de ténèbres avance rapidement, si toutefois il est permis de juger des effets de l’obscurantisme d’après ceux de l’instruction, comme on juge du contraire par son contraire.

M. O’Moore, ancien vice-roi d’Irlande, disait devant moi que dans vingt ans le catholicisme aurait disparu de l’île. Le moyen employé pour cela est simple : on a fondé des écoles primaires nombreuses, d’une puissance supérieure, dans lesquelles, à raison de la différence des cultes, il a été convenu qu’on ne parlerait pas de religion aux enfants. L’instruction religieuse forme un objet à part, réservée aux prêtres et aux ministres, comme dans nos lycées à l’aumônier. Le temps de l’écolage écoulé, le