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nir, à une corporation qui en 1851 comptait 82,000 sujets, et dont le revenu, en propriétés, casuel, assignations sur le budget des communes et de l’État, atteint au moins cent millions de francs.

Avec un personnel de 82,000 agents, qui dans vingt ans aura doublé ;

Avec un revenu de 100 millions, qui triplera ;

Avec le privilége de l’instruction primaire, l’adultération et la répression de l’enseignement supérieur, le bâillonnement de la presse, la censure des livres, le triage des bibliothèques, la corruption du corps enseignant ;

Avec la connivence de la bourgeoisie et l’appui de quatre cent mille baïonnettes,

L’Église, en vingt ans, aura fait de la France émasculée et domptée ce qu’elle a fait de l’Italie, de l’Espagne, de l’Irlande, ce qu’elle est en train de faire de la Belgique, une nation abêtie : société composée de prolétaires, de privilégiés et de prêtres, qui, ne produisant plus ni citoyens ni penseurs, destituée de sens moral, armée seulement contre les libertés du monde, finira par soulever contre elle l’indignation des races dissidentes, et se faire jeter aux gémonies de l’histoire.

XXIV

Ce que l’Église s’efforce d’inculquer aux intelligences par ce qu’elle nomme son enseignement, elle le montre aux imaginations dans les figures et cérémonies de son culte.

Pour relever le vieux monde et le maintenir sur sa base, si jamais on vient à bout de cette grande entreprise, la première chose, selon l’esprit chrétien, est de rétablir, avec le principe d’autorité, le principe d’hiérarchie.

« Quand l’aristocratie d’une société est perdue, dit M. Blanc Saint-Bonnet, tout est perdu.