Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/232

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ministère, je le sais comme vous, cesse à la convalescence du malade ? Croyez-vous que le cœur du soldat ne se sentit pas plus fort, soutenu par cette pieuse et gratuite tendresse ?….. — Aspasie, que nous qualifions injurieusement de courtisane, était la dame de compagnie de Périclès. Aristote, Platon, les philosophes en général, étaient engagés dans des liens semblables : jamais il n’est venu à la pensée d’un Grec d’y trouver matière à critique et à calomnie.

XV

L’idée que la condition de l’hétaïre, illustrée par la poésie, la philosophie et l’histoire, n’était pas incompatible avec une certaine dignité, inspira l’empereur Auguste, lorsque, trouvant les Romains rebelles à l’antique conjugium, il donna un titre légal au concubinat, et éleva à la hauteur d’une institution publique ces unions libres, que la gravité des vieux patriciens avait toujours refoulées, et que multipliait la décadence des mœurs républicaines. M. Troplong (De l’influence du christianisme sur le droit civil des Romains, in-12), accusant cet empereur d’avoir précipité la dissolution des mœurs, a également méconnu l’histoire et le cœur humain.

Le mariage, pour des causes qu’il est aisé de deviner, et malgré les facilités qu’offrait le divorce, si largement pratiqué dans les derniers temps de la république, était devenu onéreux à tous les points de vue ; la plupart recouraient à des unions où la liberté, l’amour et l’économie trouvaient mieux leur compte. Auguste régularisa ces mœurs nouvelles en créant, pour ainsi dire, l’état civil du concubinat, et selon moi il fit une chose morale. C’était le mariage qui renaissait sous un autre nom : il n’y avait qu’à laisser faire au temps.

« Ce qui différenciait le concubinatus du mariage légitime,