Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pas, et qui sous cet idéal cherche un idéal supérieur, l’idéal de l’idéal. Il y a là un phénomène de psychologie qui étonne l’esprit par sa hauteur, qui s’empare de la volonté par son exquise délicatesse, qui commande la certitude par son universalité. Espérance d’en haut, à qui le succès n’a pas toujours manqué, témoin les six siècles de fidélité conjugale de l’ancienne Rome.

Que si maintenant nous considérons le mariage dans ses rapports avec la destinée des nations, nous devrons reconnaître qu’entre la société et la famille il existe une solidarité intime ; que comme la génération est une fonction de l’organisme, le mariage est une fonction de l’humanité, hors de laquelle l’amour devient un fléau, la distinction des sexes n’a plus de sens, la perpétuation de l’espèce constitue pour les vivants un dommage réel, la Justice est contre nature, et le plan de la création absurde.

Le mariage n’est donc pas seulement une idée ; ce n’est pas non plus seulement une réalité : le mariage est nécessaire, de nécessité sociale.

C’est ce que nous allons démontrer par l’examen de ce qu’il advient de l’amour, et par suite de la famille, de la société, de l’espèce, lorsque les relations entre l’homme et la femme ne sont plus régies par le principe conservateur du mariage.

XVIII

Tout se conserve et se développe dans l’Humanité par la Justice, avons-nous dit ; tout dégénère par l’idéal.

Il en sera de la famille comme de l’État, comme de la philosophie, des lettres et des arts. Fondée sur le droit et pour le droit, elle périra par l’idolâtrie de l’amour. Et comme tout s’enchaîne dans la société, la décadence des mœurs domestiques par l’idéalisme érotique sera d’autant