Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/307

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servir, il est évident que les mots fidèle et infidèle se rapportent à deux ordres d’idées, le culte et le mariage : le parallèle qu’il établit entre la doctrine de Jésus et la sienne le prouve d’ailleurs.

Ne voilà-t-il pas une belle raison en faveur du cocuage ? Comment ! c’est pour annuler la bâtardise que vous, réprouvez le divorce et passez l’éponge sur l’adultère ? Vraiment, les adultérins vous auront obligation. Mais que devient la foi conjugale ? que devient la sainteté du mariage ? que deviennent l’amour et le respect ?

Bagatelles ! Est-ce que le mariage n’est pas institué, d’après Paul, simplement pour remédier à la fornication ? Est-ce qu’un homme sérieux, un esprit grave, un vrai chrétien, peut se soucier de l’amour de sa femme ? Qu’importe, en vérité, de quel père sortent les enfants, pourvu qu’ils soient baptisés ! Passe encore si le mari qui demande le divorce, si la femme qui se sépare, alléguait le refus du debitum : alors il y aurait lieu à rupture, le service pour lequel le mariage est octroyé n’étant pas rempli ; mais si le mari infidèle, si la femme infidèle, consent à la cohabitation, plus le moindre sujet de plainte : c’est à l’époux fidèle à ramener, par la raison et la douceur, l’infidèle.

C’est d’après cette solution, logiquement déduite de l’épître aux Corinthiens, que l’Église latine, qui repousse le divorce, même pour cause d’adultère, autorise l’annulation du mariage pour cause d’impuissance : Si impos. Tout le monde ici se rappelle l’édifiante formalité du congrès, imaginé, sous l’influence de cette casuistique orthodoxe, pour constater les cas d’impuissance, si un mari naturait ou s’il ne naturait pas ; formalité qui ne fut abrogée que sous le règne de Louis XIV.

L’impuissance dans le mariage jugée moins excusable que l’idolâtrie, moins excusable que l’adultère !… Ne trouvez-vous pas, Monseigneur, qu’après cet enfante-