Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/361

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constante, intime, du corps sur l’âme et de l’âme sur le corps, la force physique n’est pas moins nécessaire au travail de la pensée qu’à celui des muscles, de sorte que, sauf le cas de maladie, la pensée, en tout être vivant, est proportionnelle à la force.

D’où cette première conséquence : la même cause qui fait qu’aucune femme, parmi les plus doctes, ne peut atteindre à la hauteur d’un Leibnitz, d’un Voltaire, d’un Cuvier, fait également que, dans la masse, la femme ne peut soutenir la tension cérébrale de l’homme.

Mais voici bien autre chose.

Si la faiblesse organique de la femme, à laquelle se proportionne naturellement le travail du cerveau, n’avait d’autre résultat que d’abréger dans sa durée l’action de l’entendement, la qualité du produit intellectuel n’étant pas altérée, la femme pourrait parfaitement, sous ce rapport, se comparer à l’homme ; elle ne rendrait pas autant, elle ferait aussi bien : la différence, purement quantitative, n’entraînant qu’une différence de salaire, ne suffirait peut-être pas pour motiver une différence dans la condition sociale.

Or, c’est précisément ce qui n’a pas lieu : l’infirmité intellectuelle de la femme porte sur la qualité du produit autant que sur l’intensité et la durée de l’action ; et comme, dans cette faible nature, la défectuosité de l’idée résulte du peu d’énergie de la pensée, on peut dire que la femme a l’esprit essentiellement faux, d’une fausseté irrémédiable.

« Il ne faut pas croire, dit quelque part Daniel Stern, que la différence des sexes soit purement du domaine de la physiologie : l’intelligence et le cœur ont aussi un sexe. »

Mme Stern a pris cette idée de quelque auteur : en cela, elle a fait preuve de promptitude d’esprit, mais de peu