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lui fait l’éloge de ses pareils ? La femme seule peut l’honorer et le réjouir : Vas honorabile, Causa nostræ lætitiæ. Seule elle peut lui dire : Je te récompenserai au delà de tes mérites ; Ego ero merces tua magna nimis. Vaincu, coupable, c’est encore dans le sein de la femme qu’il trouve la consolation et le pardon ; elle seule peut lui tenir compte de l’intention et du bon vouloir, découvrir dans ses passions des motifs d’excuse, chose que néglige la Justice des hommes : Refugium peccatorum, Consolatrix afflictorum. Elle seule engin, dans la persécution, la vengeance et la haine, sollicitera pour lui sans abaisser sa fierté, fera valoir son repentir, et ses douleurs, et sa constance : Regina martyrum, Regina confessorum… Jamais je n’ai pu entendre chanter ces litanies sans un frisson de volupté, et je regarde comme un bonheur que la jeunesse, qui d’ailleurs ne s’en soucie guère, n’y comprenne rien. O pia ! O benigna ! O regina ! C’est à devenir fou d’amour ; et l’amour, même inspiré par la religion, même sanctionné par la Justice, je ne l’aime pas.

Vous le voyez, Monseigneur, c’est le christianisme, c’est l’Église, c’est vous-même, qui, sans le savoir, m’allez fournir la théorie du mariage : acceptez-en l’hommage, et puisse la femme devenir la médiatrice de notre réconciliation !

XXXVI

6. Formation du pacte conjugal : premier degré de juridiction.

L’homme et la femme se sont vus : ils s’aiment. L’idéal les exalte et les enivre, leurs cœurs battent à l’unisson ; la Justice vient de naître dans leur commune conscience. Toute la création, qui de la mousse au mammifère a préparé, par la distinction des sexes, l’ineffable mystère, applaudit au mariage.

Rendons-nous compte de ce pacte, le premier de ceux