Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/113

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à laquelle on peut reprocher cependant d’avoir multiplié outre mesure les attributions de l’autorité fédérale. Les pouvoirs attribués au président américain sont presque aussi étendus que ceux accordés à Louis-Napoléon par la Constitution de 1848 : cet excès d’attributions n’a pas été étranger à la pensée d’absorption unitaire qui s’est d’abord manifestée dans les États du Sud, et qui aujourd’hui entraîne à leur tour ceux du Nord.


L’idée de Fédération est certainement la plus haute à laquelle se soit élevé jusqu’à nos jours le génie politique. Elle dépasse de bien loin les constitutions françaises promulguées depuis soixante-dix ans en dépit de la Révolution, et dont la courte durée fait si peu d’honneur à notre pays. Elle résout toutes les difficultés que soulève l’accord de la Liberté et de l’Autorité. Avec elle nous n’avons plus à craindre de nous abîmer dans les antinomies gouvernementales ; de voir la plèbe s’émanciper en proclamant une dictature perpétuelle, la bourgeoisie manifester son libéralisme en poussant la centralisation à outrance, l’esprit public se corrompre dans cette débauche de la licence copulant avec le despotisme, le pouvoir revenir sans cesse aux mains des intrigants, comme les appelait Robespierre, et la Révolution, selon le mot de Danton, rester toujours aux plus scélérats. L’éternelle raison est enfin justifiée, le scepticisme vaincu. On n’accusera plus de l’infortune humaine la défaillance de la Nature, l’ironie de la Providence ou la contradiction de l’Esprit ; l’opposition des principes apparaît enfin comme la condition de l’universel équilibre.