Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/115

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taire, si la bourgeoisie triomphe, en monarchie constitutionnelle.


C’est en prévision de cette éventualité d’une guerre sociale que se sont constitués, ainsi qu’il a été dit au chapitre précédent, les gouvernements forts, objet de l’admiration des publicistes, aux yeux desquels les confédérations semblent des bicoques incapables de soutenir le Pouvoir contre l’aggression des masses, ce qui veut dire, les entreprises du gouvernement contre les droits de la nation. Car, encore une fois, qu’on ne s’y trompe pas, tout pouvoir est établi, toute citadelle construite, toute armée organisée contre le dedans autant au moins que contre le dehors. Si la mission de l’État est de se rendre maître absolu de la société, et la destinée du peuple de servir d’instrument à ses entreprises, il faut le reconnaître, le système fédératif ne supporte pas la comparaison avec le système unitaire. Là, ni le pouvoir central par sa dépendance, ni la multitude par sa division, ne peuvent pas plus l’un que l’autre contre la liberté publique. Les Suisses, après leurs victoires sur Charles-le-Téméraire, furent pendant longtemps la première puissance militaire de l’Europe. Mais, parce qu’ils formaient une confédération, capable de se défendre contre l’étranger, elle l’a prouvé, mais inhabile à la conquête et aux coups d’État, ils sont restés une république paisible, le plus inoffensif et le moins entreprenant des États. La Confédération germanique a eu aussi, sous le nom d’Empire, ses siècles de gloire mais, parce que la puissance impériale manquait de fixité et de centre, la Confédération a été écharpée, disloquée, et la nationalité