Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/129

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D’autre part, si les Jacobins, demeurés seuls au pouvoir, ont pu, dans une certaine mesure, se glorifier d’avoir sauvé la Révolution et vaincu la coalition à Fleurus, ne saurait-on avec tout autant de justice leur reprocher d’avoir créé eux-mêmes, en partie, le danger pour le conjurer ensuite ; d’avoir par leur fanatisme, par une terreur de quatorze mois et par la réaction qu’elle provoqua, fatigué la nation, brisé la conscience publique et déconsidéré la liberté ?


L’histoire impartiale jugera ce grand procès, à vue des principes mieux entendus, des révélations des contemporains et des faits.


Pour moi, s’il m’est permis en attendant l’arrêt définitif d’émettre une opinion personnelle, — et de quoi se composent les jugements de l’histoire, si ce n’est du résumé des opinions ? — je dirai franchement que la nation française, constituée depuis quatorze siècles en monarchie de droit divin, ne pouvait du soir au matin se transformer en république quelconque ; que la Gironde, accusée de fédéralisme, représentait mieux que les Jacobins la pensée de la Révolution, mais qu’elle fut insensée si elle crut à la possibilité d’une conversion subite ; que la prudence, nous dirions aujourd’hui la loi du progrès, commandait les tempéraments, et que le malheur des Girondins fut d’avoir compromis leur principe en l’opposant à la fois à la monarchie de Syeyès et de Mirabeau et à la démocratie des Sans-Culottes, devenues en ce moment solidaires. Quant aux Jacobins, j’ajouterai avec la même franchise qu’en s’empa-