Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/141

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de l’homme et des choses, de la société et de son économie. Combien se résignent à de pareilles études ?... Tandis qu’avec l’Unité, chose physique, mathématique, qui se voit, se touche et se compte, on sait tout en un instant. On est même dispensé, dans les cas difficiles, de raisonner. Avec l’Unité, la politique se réduit à un simple machinisme, dont il n’y a plus qu’à faire tourner le volant. Tant pis pour qui se laisse prendre dans l’engrenage : ce n’était pas véritablement un homme politique ; c’était un intrus, justement puni de son ambitieuse vanité.


Qui dit liberté, dans la langue du droit public, dit garantie : garantie d’inviolabilité de la personne et du domicile ; garantie des libertés municipales, corporatives, industrielles ; garantie des formes légales, protectrices de l’innocence et de la libre défense. Comment accorder tout cela avec la majesté gouvernementale, à la démocratie si si chère, avec l’Unité ? C’est la démocratie, ce sont ses meneurs et ses organes qui, en 1848, ont institué les conseils de guerre, organisé les visites domiciliaires, peuplé les prisons, décrété l’état de siège, exécuté la transportation sans jugement des travailleurs blancs, comme M. Lincoln décrète aujourd’hui la transportation sans jugement des travailleurs noirs. La démocratie fait bon marché de la liberté individuelle et du respect des lois, incapable de gouverner à d’autres conditions que celles de l’Unité, qui n’est autre chose que le despotisme.


Qui dit république ou égalité des droits politiques, dit indépendance administrative des groupes politiques dont se