Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/152

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révélé une chose fort triste : les idées existent dans leur mémoire à l’état de fourmilière ; leur intelligence ne les coordonne pas. De là l’incohérence de leurs opinions et cet arbitraire ineffable qui dirige leur politique.


Le but suprême de l’État est la liberté, collective et individuelle.


Mais la liberté ne se crée pas de rien ; on n’y arrive point de plein saut : elle résulte, non-seulement de l’énergie du sujet, mais des conditions plus ou moins heureuses au milieu desquelles il est placé ; elle est le terme d’une suite de mouvements oscillatoires, de marches et de contre-marches, dont l’ensemble compose l’évolution sociale et aboutit au pacte fédératif, à la république.


Parmi les influences dont l’action peut accélérer ou retarder la création de la liberté, la plus élémentaire et la plus décisive est celle du sol et du climat. C’est le sol qui donne la première moulure à la race ; ce sont les influences réunies de la race et du sol qui façonnent ensuite le génie, suscitent et déterminent les facultés d’art, de législation, de littérature, d’industrie ; ce sont toutes ces choses ensemble, enfin, qui rendent plus ou moins faciles les agglomérations. De là les systèmes d’institutions, de lois, de coutumes ; de là les traditions, tout ce qui fait la vie, l’individualité et la moralité des peuples. Sans doute, au milieu de ces influences dont la fatalité est le point de départ, la raison demeure libre mais si sa gloire est de s’asservir la fatalité, son pouvoir ne va pas jusqu’à la détruire ; elle dirige le