Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/163

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sion du clergé aux lois de l’État. L’Église libre dans l’État libre est une maxime reçue par les unitaires ; Mazzini, dans ses plus grandes colères contre la Papauté, n’a jamais dit qu’il songeât à proscrire le christianisme. Je raisonne donc sur une donnée acquise, celle de la liberté religieuse. Or, de quelque manière qu’il soit pourvu en Italie à l’existence du clergé : qu’il y ait un concordat ou qu’il n’y en ait pas ; que les prêtres soient appointés sur le budget, qu’ils vivent de la cotisation des fidèles, ou qu’ils conservent leurs dotations immobilières, peu importe, ils jouiront, comme tous les citoyens, de leurs droits civils et politiques. Il n’y aurait que le cas où le peuple italien se déclarerait en masse déiste ou athée, qui pourrait créer une situation menaçante pour l’Église. Mais personne, en Italie pas plus qu’en France, n’en est là.


Ceci posé, je dis que, par cela même que l’existence de l’Église serait de plein droit reconnue, autorisée, et d’une ou d’autre manière subventionnée par la nation, l’Église aurait sa place, grande ou petite, dans l’État. Il n’y a pas d’exemple d’une société à la fois politique et religieuse dans laquelle le gouvernement et le sacerdoce n’aient entre eux des rapports intimes, comme organes d’un même corps et facultés d’un même esprit. Avec toute la subtilité du monde, vous ne réussirez pas mieux à tracer une ligne de démarcation tranchée entre la religion et le gouvernement qu’entre la politique et l’économie politique. Toujours, quoi que vous fassiez, le spirituel s’insinuera dans le temporel et le temporel débordera sur le spirituel : la connexité de ces deux principes est aussi fatale que celle de la Liberté et