Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/18

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de lecteurs que défraie une presse favorisée, il en est à peine un sur mille qui se doute, même d’instinct, de ce que signifie le mot de fédération. Sans doute, les annales de la Révolution ne pouvaient ici nous apprendre grand’chose ; mais enfin l’on n’est pas le parti de l’avenir pour s’immobiliser dans les passions d’un autre âge, et c’est le devoir de la Démocratie de produire ses idées, de modifier en conséquence son mot d’ordre. La Fédération est le nom nouveau sous lequel la Liberté, l’Égalité, la Révolution avec toutes ses conséquences, ont apparu, en l’année 1859, à la Démocratie. Libéraux et démocrates n’y ont vu qu’un complot réactionnaire !…


Depuis l’institution du suffrage universel, la Démocratie, considérant que son règne était venu, que son gouvernement avait fait ses preuves, qu’il n’y avait plus à discuter que le choix des hommes, qu’elle était la formule suprême de l’ordre, a voulu se constituer à son tour en parti de statu quo. Elle n’est pas, tant s’en faut, maîtresse des affaires, que déjà elle s’arrange pour l’immobilisme. Mais que faire quand on s’appelle la Démocratie, qu’on représente la Révolution et qu’on est arrivé à l’immobilisme ? La Démocratie a pensé que sa mission était de réparer les antiques injustices, de ressusciter les nations meurtries, en un mot, de refaire l’histoire ! C’est ce qu’elle exprime