Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/260

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léaniste, ni bonapartiste, ni clérical, ni bancocrate, comme M. Nefftzer ; quand d’autre part il s’annonce comme franchement libéral, ami du progrès et des sages réformes, et qu’en même temps il déclare ne se rattacher à aucun parti, cela signifie clairement qu’il est encore moins du parti démocratique que d’aucun autre, puisque sans le soin qu’il prend de nier son affiliation, c’est à ce parti qu’on le rattacherait. Le Temps n’appartient point à la Démocratie, en tant que la Démocratie forme parti, c’est-à-dire Union ; son dessein était de garder l’indépendance : voilà ce qu’a voulu dire M. Nefftzer, à peine de n’avoir rien dit du tout. Et maintes fois le Temps a prouvé, par ses discussions avec le Siècle, l’Opinion Nationale et la Presse, que telle était en effet la pensée de son rédacteur en chef.


Ainsi, notons cela : Pour conserver sa liberté, en France, pour avoir une opinion franche, indépendante, il ne suffit pas de se séparer des dynasties, des Églises et des sectes, il faut encore, il faut surtout s’éloigner des démocrates.


Mais dire et faire sont deux. M. Nefftzer, je le crains, n’a pas réfléchi que, n’étant du parti de personne, il était condamné à être du sien : ce qui supposait de sa part l’indication du but et de l’objet de son journal, de la politique qu’il se proposait de suivre, en un mot, de ses principes. Parler au nom de la liberté, de la science, du droit, c’est vague ; tous les partis en font autant. Se définir, c’est exister. Or, j’en demande pardon à l’honorable rédacteur, il ne s’est pas défini ; on ne lui connaît pas d’idée propre ; son journal n’a pas d’objectif, comme disent les militaires. Bien plus,