Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/286

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Eh bien ! parlons encore de Mazzini. Je répète, et ce sera pour la dernière fois, qu’il ne s’agit point ici de l’homme, mais du tribun ; que je crois Mazzini aussi honorable, aussi vertueux dans sa vie privée que feu Savonarole et Garibaldi, et que personne plus que moi n’admire la constance de son caractère. Mais j’ajoute que, cette réserve faite, réserve de droit, qu’il est humiliant pour la Démocratie que l’on doive renouveler sans cesse, je ne conçois pas comment, étant ce que je suis, niant énergiquement le système de l’unité et affirmant la fédération, condamnant en conséquence le principe et toute la politique de Mazzini, je devrais m’incliner ensuite devant sa renommée d’agitateur. Que deviendraient la liberté des opinions, l’indépendance de la critique, les franchises de la tribune et de la presse, si, après avoir renversé par la discussion une doctrine, en avoir montré les erreurs et l’immoralité, on devait, pour conclusion, jeter une couronne à son auteur ? Est-ce ainsi que Mazzini lui-même entend la politique ? Si je ne me suis pas trompé, d’abord dans l’appréciation que j’ai faite des événements qui se sont accomplis dans la Péninsule, puis dans la théorie que j’ai présentée du système fédératif, j’ai eu raison de dire que Mazzini avait été le fléau de la liberté italienne et de la Révolution, et j’ai le droit d’exiger qu’il se retire. Comment l’ascétisme d’un chef de parti servirait-il de couverture aux désastres causés par son système ?


Mazzini est l’homme d’une idée et d’une politique. Ce qui le distingue entre tous, c’est qu’il a la religion de son idée, et que pour la servir il n’hésite pas à en suivre les maximes jusque dans leurs dernières conséquences. Peu