Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/29

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Le principe de Liberté, personnel, individualiste, critique ; agent de division, d’élection, de transaction, est donné par l’Esprit. Principe essentiellement arbitral par conséquent, supérieur à la Nature dont il se sert, à la fatalité qu’il domine ; illimité dans ses aspirations ; susceptible, comme son contraire, d’extension et de restriction, mais tout aussi incapable que celui-ci de s’épuiser par le développement, comme de s’anéantir par la contrainte.


Il suit de là qu’en toute société, même la plus autoritaire, une part est nécessairement laissée à la Liberté ; pareillement en toute société, même la plus libérale, une part est réservée à l’Autorité. Cette condition est absolue ; aucune combinaison politique ne peut s’y soustraire. En dépit de l’entendement dont l’effort tend incessamment à résoudre la diversité dans l’unité, les deux principes restent en présence et toujours en opposition. Le mouvement politique résulte de leur tendance inéluctable et de leur réaction mutuelle.


Tout cela, je l’avoue, n’a peut-être rien de bien neuf, et plus d’un lecteur va me demander si c’est tout ce que j’ai à lui apprendre. Personne ne nie ni la Nature ni l’Esprit, quelque obscurité qui les enveloppe ; pas un publiciste qui songe à s’inscrire en faux contre l’Autorité ou la Liberté, bien que leur conciliation, leur séparation et leur élimination semblent également impossibles. Où donc me proposé-je d’en venir, en rebattant ce lieu commun ?


Je vais le dire : c’est que toutes les constitutions politi-