Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/294

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ou engagement, tacite ou formel. Ainsi, en mariage, le serment est requis des époux, parce que l’obligation qu’ils contractent en se dévouant l’un à l’autre ne résulte pas du seul fait de cohabitation et de la promesse d’amour mutuel, et que sans le serment, prêté devant le magistrat assisté de témoins, ni eux ni personne ne pourrait dire si le pacte qui les unit est vœu de mariage ou convention de concubinat. Quand même on abolirait la formalité de la comparution des fiancés par-devant l’officier civil, et qu’on déclarerait le serment suffisamment acquis par le contrat de mariage précédé des publications légales et suivi de cohabitation, le serment n’en existerait pas moins. Il serait censé avoir été prêté. La peine qu’on aurait prise de pourvoir au défaut de la cérémonie en prouverait l’essentialité. Ce serait comme le billet de banque, qui sert en guise de monnaie, mais qui ne fait que témoigner de l’importance même de la monnaie.


Dans les témoignages, les arbitrages et les expertises, le serment est également requis, et par une raison analogue. L’individu appelé comme expert, arbitre ou témoin, est censé n’avoir aucun intérêt personnel, direct ou indirect, à dire pas plus qu’à taire la vérité. Mais il peut être influencé par l’amitié, la haine, la crainte ; il peut être séduit ou intimidé ; et le serment a pour objet de le dévouer à la vérité, en l’élevant au-dessus des considérations vulgaires, en intéressant son honneur par la crainte du parjure, et l’affranchissant de toute crainte et respect humain.


Dans le mariage, en un mot, le serment est une consé-