Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/327

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économique, expression la plus haute du fédéralisme. La France, ramenée à sa loi, qui est la moyenne propriété, qui est l’honnête médiocrité, le niveau de plus en plus approché des fortunes, l’égalité ; la France rendue à son génie et à ses mœurs, constituée en un faisceau de souverainetés garanties les unes par les autres, n’a rien à redouter du déluge communiste, pas plus que des invasions dynastiques. La multitude, impuissante désormais à écraser de sa masse les libertés publiques, l’est tout autant à saisir ou à confisquer les propriétés. Bien mieux, elle devient la plus forte barrière à la féodalisation de la terre et des capitaux, à laquelle tend fatalement tout pouvoir unitaire. Tandis que le citadin n’estime la propriété que pour le revenu, le paysan qui cultive l’estime surtout pour elle-même : c’est pour cela que la propriété n’est jamais plus complète et mieux garantie que lorsque, par une division continue et bien ordonnée, elle s’approche de l’égalité, de la fédération. Plus de bourgeoisie, et pas davantage de démocratie ; rien que des citoyens, comme nous le demandions en 1848 : n’est-ce pas le dernier mot de la Révolution ? Où trouver la réalisation de cet idéal, si ce n’est dans le Fédéralisme ? Certes, et quoi qu’on ait dit en 93, rien n’est moins aristocratique et moins ancien régime que la Fédération ; mais il faut l’avouer, rien n’est aussi moins vulgaire.


Sous une autorité fédérale, la politique d’un grand peuple est aussi simple que sa destinée. Faire place à la liberté, procurer à tous travail et bien-être, cultiver les intelligences, fortifier les consciences, voilà pour le dedans ; au dehors, donner l’exemple. Un peuple confédéré est un peuple