Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/42

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regrettant de ne pouvoir réunir dans la même assemblée les dix millions d’électeurs, qu’il fallut se contenter de convoquer au scrutin. Les projets de législation directe, par oui et par non, proposés de nos jours, sont sortis de là.


Les formes de l’état libéral ou démocratique correspondent également au principe de formation et à la loi de développement de cet état ; en conséquence, elles diffèrent radicalement de celles de la monarchie. Elles consistent en ce que le Pouvoir, au lieu d’être collectivement et indivisément exercé comme dans la communauté primitive, est réparti entre les citoyens, ce qui se fait de deux manières. S’il s’agit d’un service susceptible d’être matériellement partagé, comme la construction d’une route, le commandement d’une flotte, la police d’une ville, l’instruction de la jeunesse, on partage le travail par sections, la flotte par escadres ou même par navires, la ville par quartiers, l’enseignement par classes, sur chacun desquels on établit un entrepreneur, commissaire, amiral, capitaine ou maître. Les Athéniens avaient l’habitude, dans leurs guerres, de nommer dix ou douze généraux, dont chacun commandait pendant un jour à tour de rôle : usage qui paraîtrait aujourd’hui fort étrange ; mais la démocratie athénienne ne supportait rien de plus. Si la fonction est indivisible, on la laisse entière, et, ou bien l’on nomme plusieurs titulaires, malgré le précepte d’Homère qui dit que la pluralité des commandants est une mauvaise chose : c’est ainsi que là où nous n’envoyons qu’un ambassadeur, les anciens en