Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/53

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J’observerai à ce propos que les publicistes se sont trompés et qu’ils ont introduit dans la politique une donnée aussi fausse que dangereuse, lorsque, ne distinguant pas la pratique de la théorie, la réalité de l’idéal, ils ont mis sur la même ligne les gouvernements de pure conception, non réalisables dans leur simplisme, comme la monarchie et la démocratie pures, et les gouvernements de fait ou mixtes. La vérité, je le répète, est qu’il n’existe ni ne peut exister de gouvernements de la première espèce qu’en théorie : tout gouvernement de fait est nécessairement mixte, qu’on l’appelle monarchie ou démocratie, n’importe. Cette observation est importante ; elle seule permet de ramener à une erreur de dialectique les innombrables déceptions, corruptions et révolutions de la politique.


Toutes les variétés de gouvernements de fait, en autres termes, toutes les transactions gouvernementales essayées ou proposées depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours, se réduisent à deux espèces principales, que j’appellerai, de leurs désignations actuelles, Empire et Monarchie constitutionnelle. Ceci demande explication.


La guerre et l’inégalité des fortunes ayant été dès l’origine la condition des peuples, la Société se divise naturellement en un certain nombre de classes : Guerriers ou Nobles, Prêtres, Propriétaires, Marchands, Navigateurs, Industrieux, Paysans. — Là où la royauté existe, elle forme caste à elle seule, la première de toutes : c’est la dynastie.


La lutte des classes entre elles, l’antagonisme de leurs