Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/88

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de se soutenir, d’augmenter ses prérogatives, de multiplier ses services et de grossir son budget, le Pouvoir perd de vue son véritable rôle, tombe dans l’autocratie et l’immobilisme ; le corps social souffre, et la nation, à rebours de sa loi historique, commence à déchoir.


N’avons-nous pas fait remarquer, Chap. VI, que dans l’évolution des États, l’Autorité et la Liberté sont en succession logique et chronologique ; que, de plus, la première est en décroissance continue, la seconde en ascension ; que le Gouvernement, expression de l’Autorité, est insensiblement subalternisé par les représentants ou organes de la Liberté, savoir : le Pouvoir central par les députés des départements ou provinces ; l’autorité provinciale par les délégués des communes, et l’autorité municipale par les habitants ; qu’ainsi la liberté aspire à se rendre prépondérante, l’autorité à devenir servante de la liberté, et le principe contractuel à se substituer partout, dans les affaires publiques, au principe autoritaire ?


Si ces faits sont vrais, la conséquence ne peut être douteuse : c’est que, d’après la nature des choses et le jeu des principes, l’Autorité devant être en retraite et la Liberté marcher sur elle, mais de manière que les deux se suivent sans se heurter jamais, la constitution de la société est essentiellement progressive, ce qui signifie de plus en plus libérale, et que cette destinée ne peut être remplie que dans un système où la hiérarchie gouvernementale, au lieu d’être posée sur son sommet, soit établie carrément sur sa base, je veux dire dans le système fédératif.