Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/92

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hostiles : fonder peu à peu, d’autorité, un droit commun, et poser, sous forme de décrets impériaux, les lois générales de l’humanité. On ne saurait imaginer d’autre signification à ces grandes créations politiques de l’antiquité, auxquelles succédèrent ensuite, à tour de rôle, les empires des Grecs, des Romains et des Francs, l’Église chrétienne, la révolte de Luther, et finalement la Révolution française.


La Fédération ne pouvait remplir cette mission éducatrice, d’abord, parce qu’elle est la Liberté ; parce qu’elle exclut l’idée de contrainte, qu’elle repose sur la notion du contrat synallagmatique, commutatif et limité ; et que son objet est de garantir la souveraineté et l’autonomie aux peuples qu’elle unit, à ceux-là par conséquent qu’il s’agissait dans les commencements de tenir sous le joug, en attendant qu’ils fussent capables de se gouverner eux-mêmes par la raison. La civilisation, en un mot, étant progressive, il impliquait contradiction que le gouvernement fédératif pût s’établir dans les commencements.


Un autre motif d’exclusion provisoire pour le principe fédératif, est dans la faiblesse d’expansion des États groupés sous des constitutions fédérales.


Limites naturelles des États fédératifs. — Nous avons dit, Chap. II, que la monarchie, par elle-même et en vertu de son principe, ne connaît pas de limites à son développement, et qu’il en est de même de la démocratie. Cette faculté d’expansion a passé des gouvernements simplistes ou à priori, aux gouvernements mixtes ou de fait, démocraties