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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

publiques dans les mémorables journées des 27, 28 et 29 juillet 1830. Ce style tumulaire atteint, selon moi, la perfection du genre. Là, point de déclamation, point d’injure à la dynastie déchue. La révolution de Juillet, avec ses conséquences, est laissée au jugement de la postérité. Une seule chose est attestée, et cette chose est vraie, et parce qu’elle est vraie, elle nous émeut : c’est que le 27 juillet 1830, les libertés publiques étaient en péril, et que les citoyens s’armèrent et combattirent pour elles. Je ne sais quelle influence inspira cette rédaction ; quels qu’en soient les auteurs, ils ont réussi au delà peut-être de leur espérance. Quant au Génie qui surmonte la colonne, symbole de liberté et d’immortalité essentiellement impersonnel, on peut l’accepter : il est de tous les partis comme de toutes les religions : il plane sur les vivants et sur les morts, sur les vainqueurs comme sur les vaincus. Je n’imagine pas ce que l’on aurait pu mettre à la place.

A-t-on suivi ces principes dans l’exécution de l’Arc de triomphe de l’Étoile ? Non, et c’est ce qui fait de ce monument, au moins pour les groupes principaux de la partie inférieure, une espèce d’énigme. Je rends volontiers justice aux qualités qui distinguent la composition de Rude : le tumulte est saisissant, l’élan formidable. Mais quel a été le sentiment de l’artiste ? quel est celui qu’il a voulu faire naître dans l’âme du spectateur ? Impossible de le dire. Je n’ai jamais pu digérer